Darker minds. || Ft. Adam

Tk. Tkh. Tikh. - Ma langue tape contre mes dents, claque contre mon palais. Tap. Tap tap. Knock. Mon poing cogne doucement le bois du banc sur lequel je suis assis. Je bouge, me redresse. Mon dos posé contre le dossier est presque irrité par la simple pression. Le t-shirt noir à manches normalement longues est usé, poussiéreux et déchiré au niveau de l'épaule. Il est également si serré qu'il me donne l'impression d'être enveloppé par un de ces tissus conscients et voraces, comme un boa constrictor. Le bas de mon pantalon révèle quelques centimètres de peau là où des chaussettes grises ont glissé vers le bas sous la pression des chevilles en-dessous. Les cuisses, elles, sont sur le point de craquer. Seules les chaussures renforcées sont confortables, mais ça ne devrait pas m'étonner. Elles sont conçues pour s'adapter aux pieds qui les portent. Le Prince de Cendrillon aurait été bien embêté.
Quelque chose glousse. Mon esprit est brumeux. Je lève le nez pour croiser les regards fuyants d'un paire de filles bouffées de quelques rires étouffés. Ma tête pivote sur le côté, trahit une confusion symptomatique. Comment suis-je arrivé ici ? Qu'est-ce que ce jeune a dit un peu plus tôt ? Salle 302. Non. Je vais être en retard, mon cours a été décalé. Non, et il mentait. Mon oncle allait mieux, je comprends pas. Ils l'ont trouvé catatonique ce matin. Lui ! Il me faut lui parler ! Pourquoi ? J'en sais trop rien. Trois cents mètres, herbe, portes vitrées, hall, musique, deuxièmes portes sur la gauche. Pourquoi je n'y suis pas ? Pourquoi rien ne bouge ? Les poings crispés, je fixe droit devant et attend, invoque, ordonne mentalement. - Ah, oui. Marcher.

Les jambes se mettent en action. Le paysage défile. Le campus laisse place à un bâtiment, à la musique maladroite d'une guitare encore mal maitrisée. Les notes incertaines laissent place à d'autres sons tout aussi étrangers. Les mots mènent à des idées et les idées me donnent une destination. Les jambes, à nouveau, font leur œuvre. Le monde a l'air étonnement plus clair et coloré. Un bourdonnement parasite mon esprit, mes oreilles. Chaque chose vibre tout juste différemment, comme si le monde était désaccordé. Les rues défilent, la marche use et chauffe. L'anglais sonne alien. Alien. Drôle de mot. Un grand bâtiment aux vieux murs se présente. Des portes en métal, un carrelage clair. Des blouses, des tuniques, des verrous électroniques et quelque chose qui tape. Quelqu'un qui tape. - Je suis l'expert envoyé par la famille en ce qui concerne Monsieur Simon Croft. - Je lève brusquement le regard vers le plafond, autour de moi. Qui a parlé ?! Ah, non. Ce n'était que moi. Nouvelle voix. Un soupir m'échappe pendant que la jeune femme à l'accueil appelle quelqu'un. Pourquoi est-ce qu'elle me croit sur parole ? J'observe l'étuis que je viens de lui présenter. Papier psychique. Psyyyyychique. Psychik. Psssss... - Vous pouvez suivre Rafael, il va vous conduire jusqu'à sa chambre. - Rafael. Grand, costaux, tenue blanche. Centurion ? Non. Surveillant. Je le salue d'un hochement de tête et me cale dans ses pas. L'hôtesse me suit du regard. Je porte toujours ces mêmes vêtements trop étroits et abimés.

Vous n'en tirerez pas grand chose. Le pauvre gars avait réussi à reprendre la main sur ses pulsions, et ce matin on l'a trouvé amorphe. On ne sait pas encore ce qui s'est passé. - Rafael a la langue bien pendue. Je doute que ses supérieurs apprécient qu'il me raconte tout ça. D'un autre côté, Rafael a l'air honnête, véritablement inquiet. Peut-être se fera-t-il viré dans la foulée. L'aile de l'hôpital psychiatrique n'a pas l'air particulièrement restrictive. Ce n'est pas le coin le plus dangereux et quelques curieux nous regardent passer. Rafael m'ouvre finalement l'une des portes. À l'intérieur, un homme d'une quarantaine d'années est assis sur un fauteuil roulant. Son regard est vide, son dos légèrement vouté. Un spasme fait réagir ses doigts, toutes les deux secondes et trois dixièmes. - On a essayé de lui parler, de lui présenter des objets ou des jeux, mais il n'a pas réagit. Alors on.. - Des voix fortes. Quelque chose tombe plus loin dans le couloir. - Je.. Je vais voir ce qui se passe. Restez ici. - Il s'éloigne. Je reste. Depuis les quelques heures que je navigue dans ces flots étrangers, cet endroit est le premier qui semble familier. Comme si j'étais déjà venu. Je ne suis jamais venu. Pssssssychique. Pssssssy... - Bonjour, Monsieur Croft. Je suis... Je suis le... Hmm. - Le mot refuse de sortir, comme collé à mes lèvres. - Je suis venu voir comment vous vous portez. Votre neveu Jonathan m'envoie.

You're not one of his usuals. - Les yeux roulent doucement en direction du jeune homme, à l'issue de la chambre. Les cheveux clairs, les yeux bleus étrangement frustrés. Etrangement... Rien n'est étrange dans un lieu pareil, et tout à la fois l'est. Il a l'air curieux. Il a aussi l'air d'avoir marché vite jusqu'ici. Un dangereux combo. Intrigué, intriguant, mignon. Mignon ? Oh no. That attraction thing is back again. - True. - La tenue, la posture, la trace à l'angle de son nez, le livre abimé entre ses doigts, le... Le choc propage un bruit sourd et je fais instinctivement un pas dans sa direction. - What the.. - Hrgn. Sorry, that was... - Are you ok ? Well, wrong question. Are you hurt ? - Mon regard oscille entre l'humain et l'encadrement de la porte, si bien qu'on pourrait se demander à qui s'adresse ma question. - Are you some sort of detective? - Les sourcils froncés accompagnent une chaise tirée. - Sure, maybe. How about you sit down and away from that door. - Le geste souple, fluide, je le garde à l'œil d'une attention flottante. La télékinésie peut simuler un choc tout en empêchant son crâne de physiquement frapper quoi que ce soit, quand bien même j'aimerais ne pas avoir à jouer à ce petit jeu là. Et je garde cette porte dans mon champ de vision aussi, juste au cas où. La dernière porte à m'avoir insulté s'est retrouvé avec un trou de blaster en plein milieu. Mind you, c'est sa sœur qui a tiré, pas moi. Un monde étrange, pour sûr. Et une culture tout aussi intrigante. - Don't talk shit to doors, they might slam back into your face.

Aussitôt la chaise en place, pas au milieu de la chambre, pas dans un coin non plus, mais exactement là où il ne se sentirait ni exposé, ni isolé ou scruté, s'il décidait de s'asseoir, je retourne me planter face à Croft. - You can call me Pr... - Mes lèvres se soudent et le son qui en sort n'a rien d'un mot complet. - Pruit ? Proton. Prune. Prince ! No, wrong century. Hmm... Preston. Yes, that. - La suite de mots, cette fois, semble ne pas vouloir s'arrêter et lorsque je réalise les avoir énoncé à haute voix, mon regard se pose sur le jeune patient. Un ange passe. - My name is Preston. I'm a friend of mister Croft's nephew, Jonathan. Nice guy. Was worried about his uncle, so I came by. You seem to fit right in, here. Can you tell me how are things ? Do they treat you well ? Yes, I'm talking to you too. - Les yeux filent droit vers la porte puis descendent immédiatement sur Simon Croft. Son regard est vide, ses yeux secs. Ses lèvres tremblotent, spasmes inconscients. J'observe le moindre déail de son visage, la moindre ride, le moindre creux ou repli. Une rougeur ici, une tâche de rousseur là. Pas de bleu, pas de violet, pas de jaune non plus.- I'm a good judge of character and Rafael didn't lie to me, he really doesn't understand what happened to him. I see no wound, no mark of a fall or a hit.

Je fouille brusquement mes poches, les retournes, en fait tomber un peu de poussière, quelques pièces de métal, une carte de bibliothèque et une pince coupante. - Where in the sixty triangle of Santarum is my... Oh. Hello there. - Immédiatement penché en avant, je me retrouve à tout juste quelques centimètres du visage de l'homme. - I would ask for permission but I'm not sure you're there anymore. - Doux, malgré mon attitude générale, je glisse mon index à la lisière de ses cheveux, au niveau de la tempe. Au contact, la surface a l'air dure. - Looks like a freckel, sounds like a freckel, has the same color as a freckel, but doesn't feel like a freckel. - Mon regard se tourne vers le jeune homme. - See for yourself. Right there. That spot is hardened. Told you it wasn't naturel, didn't I. - Mes yeux trouvent la porte, le plafond, Croft et enfin le jeune patient. - Wait, no. Wrong person. - Et puis mon attention retrouve Simon. - Who ate you, Uncle.

Adam. Le nom roule sur ma langue, glisse sur mes lèvres, mais aucun son n'est produit. Je ne fais qu'en mimer les syllabes sans véritablement quitter Simon des yeux. - Oh I look like I fit right in? What gave it away, the "banging my head against the wall" part? - Sure, that too. - Je pourrais lui faire la liste des points relevés au premier coup d'oeil, mais ce serait malpoli. - They treat us fine. It's actually better than I thought it would be when I decided to have some quality me-time. That is if you forget the whole "being mental" thing. - Un haussement d'épaules. - Forgetting never fully works anyway... - Les pensées s'évadent un instant, cherchent à retrouver un chemin, une voie, un semblant de fil auquel se raccrocher. L'air ici a un gout différent, c'est étrange. Ici, dehors, dans la rue et même dans le Tardis à dire vrai. Qu'est-ce qui a changé, exactement ? - Okay I'm supposed to be the crazy one, mate. Who the hell are you? - Definitely not a Preston, that's for sure. It doesn't feel right, you know ? Adam works. Adam is a good name. Preston feels like an old white american dude, who constantly wears a suit with those silk scarves around their neck. - Je lève le nez, croise son regard. - Well, that one is a talker.. All I can say right now is that I'm here to help. You can call me whatever you want, you chose a good name. You're wearing one, shouldn't be hard.

Meanwhile.. Je m'accroupis face à Simon Croft, me met au niveau de son regard. Ses yeux vides, comme éteints. Un soupir m'échappe, non pas d'agacement ou de fatigue, mais de résignation. - Been ages since I done that. - La télépathie n'a jamais été mon forte. La grande majorité des Seigneurs du Temps en sont capables, c'est une capacité relativement basique de notre petit club, mais ça n'a jamais été si simple pour moi. Aussi, lorsque je pose les doigts sur ses tempes, le geste est particulièrement prudent, précis, mal à l'aise. Me concentrer est compliqué, autant par anticipation qu'à cause des milles ouragans d'un rouge profond qui hurlent dans ma tête, mais je parviens à les ignorer un instant. Durant ces quelques courtes secondes, ce rouge intense laisse place à un noir envahissant. Le silence, l'absence. Un écho remonte des tréfonds d'une caverne invisible, des pas, une claudication. Une odeur de tabac. Une brûlure grésille contre ma tempe et je romps le lien abruptement. La douleur s'attarde. Le néant se chauffe d'un rouge fou, puis s'estompe lui aussi. L'odeur du tabac me pique le nez mais c'est sur ma tempe que je pose un doigt, là où la douleur continue d'osciller tranquillement, comme une sensation fantôme.

I think it's time for a little tour, what do you think ? Can you be my guide ? - Les jambes se déplient sans l'ombre d'une courbature, d'une articulation qui craque ou d'un inconfort quelconque. Ma tête, en revanche, reste un instant au sol. Le lien télépathique irradie d'une sensation froide, comme après un coup. J'ai développé le peu dont je suis capable, et même ça laisse laisse quelques traces. Aujourd'hui ne fait pas exception. - Do you know if Simon here was a smoker ? - La question posée, je me penche malgré tout et hume l'air autour de la tête du patient immobile. Transpiration, savon chimique, une petite acidité sucrée aussi. Probablement pas. Le tabac était dans son esprit, cela dit. Et ces bruits de pas. Il y a forcément une raison à ça.

You sure you're alright mate? Don't wanna be the pot calling the kettle black but uh... You also look like you'd fit right in here. Not as just a visitor. - I know right. I miss those white coats. They're fun to wear. Although they tend to make people anxious, so... - Pour autant, la suite de ses paroles suit un chemin que j'aurais dû anticiper. Emporté par le feu du moment, le rush de l'intrigue, la folie de la situation et la confusion permanente qui semble s'être installée, j'ai probablement un peu oublié où j'étais, et à qui j'avais à faire. L'autre option serait que je n'ai rien oublié du tout, mais je préfère ne pas y penser. Ça voudrait dire que je m'amuse de ses difficultés et c'est un gouffre passé dans lequel j'aimerais ne pas retomber. Encore faut-il que j'ai le choix.

I understand. - Finis-je par dire, pendant qu'il se lève. - I mean, technically, a member of the Staff did guide me here, but it was about Simon. Not about m... - Il se plante devant moi, les sourcils froncés, et son index pousse contre mon épaule. - Hello to you too ? - Well at least you feel real. - Hallucinations don't have a thing on me, trust me. - Lâché-je dans un haussement d'épaules. - Or don't. To be fair, I cannot force you to do anything. I'm having a day, or a week, so I might sound a little off, but I'm fully there. Promess. - Un regard à Simon, un autre à Adam. J'observe son visage, le sérieux de sa réflexion, l'incertitude aussi. - Funny thing, trust. We have a lot of ideas and images for it. But when you think about it, trust is less about trusting other people than trusting yourself. Trusting that you have the ability to do the thing you wanna do, to be yourself, to tag along. And trusting that, if the others fail you, you'll be able to manage and move on. If anything, trust is about yourself. But I understand preventing risks.

Les bras croisés dans le dos, l'air soudain pensif, je fais quelques pas et contourne Simon. - I cannot make you believe me. I can only say that I'm here to help. I heard about Mr Croft's situation and came here to fix it, or at least prevent another one like him. I didn't lie, even though I can't prove that to you. If it helps, you can see me as a private investigator chosing to keep his name a secret. - Mes bras se décrochent au moment où je réalise à quel point ce t-shirt est serré et remonte un peu lorsque je l'étire de trop. - You don't have to trust me. I gave you no grounds to do that and your companion is probably protecting you in his own rights. Trust is a long game thing. But believing me enough to help me get around, that's a choice you can make right now. - Mon regard dérive vers la porte. - I mean, I could ask Rafael, but I believe being helped by you is a better idea. He works here. You live here. You have some inside knowledge I could use.

You think of yourself as quite the character huh?.. Alright, I'll entertain your... Whatever you're having. But you're going to have to convince me. - Fair enough. - Au moins, il ne quitte pas la pièce. Il m'observe un instant, insistant, et je n'en fais pas cas. La chaise change finalement de place et vient faire face à Croft. Il s'assoit, sans la barrière du dossier devant lui cette fois. - Oh I'm probably more average than you think. - Lâché-je dans un haussement d'épaules. - But I suppose you're right. - À la poubelle mes rêves de loupe dorée, de tweed et de pipe fumante. Je ne savais même pas que je les avais de toute façon. Il secoue la tête et, je n'en dis rien, mais ce n'est pas la première fois.

So I would like to know what you think you're onto. - Of course. - And no, he doesn't smoke. I do, and I never saw him in the smoking yard. - So we're looking for a smoker, possibly. With a limp. - Je m'appuie au rebord de la fenêtre, les bras croisés. - Yes, I know, the Colonel in the bedroom with the knife. It's not that. That's what is in his head. That's what is left. And nothing else. The smell of cigaret, the sound of someone limping, and nothingness. - Un soupir m'échappe. Pourquoi tout paraissait tellement plus simple avant ? Pourquoi ai-je autant de mal à aligner mes pensées ? À être clair et fiable ? Je n'ai jamais eu besoin de convaincre auparavant, pas aussi difficilement. - I managed to get a glimpse of his thoughts. It's basic and others would do a way better job than me at this, but they probably wouldn't see more. There is nothing left.

Expliquer pourrait le faire fuir. D'un autre côté, s'il me pense déjà fou, quand bien même je n'aime pas ce mot, je n'ai pas grand chose à perdre. Et puis, pourquoi son avis est-il si important ? J'ai rencontré Adam il y a tout juste quelques minutes, je pourrais disparaitre et rien ne changerait. - This man was fine. He was doing better. And overnight, his brain is now empty. And then there's this. - J'indique la boursoufflure au niveau de sa tempe. - Could be anything, yes. But it also looks like a puncture wound. Some entities can hide their intrusions that way. The enzymes they inject have that ability. It's the perfect spot to access the brain, and when I was in his mind, I felt pain. Not much, like an echo, but it was there. And why would a simple freckle be painfull. - Un soupir m'échappe, un regard vers la porte encore ouverte. - That's what I'm onto. Someone or something is draining thoughts and minds from people. Mr Croft here is the last victim to date. But I'm betting he's not the first, and that has to stop.

You're either as crazy as I am, or I'm more sane that I thought I was. I don't know what option is the worst. - You're not crazy. - La phrase sort toute seule.- Sorry, I don't like that word, or what comes with it. - Désacraliser la maladie est une chose, mais qualifier quelqu'un de fou a une connotation trop négative, ridiculisante aussi d'une certaine manière. Une facette radicale aussi, un fait établi, comme quand on enfermait ces gens dans des cellules et qu'on jetait la clé pour oublier qu'ils existent. C'est ce genre de traitement qui permet les abus. Ce genre de traitement qui a donné l'occasion à cette entité de s'infiltrer ici et agir à son bon vouloir. Parce qu'on préfère laisser les "fous" dans leur coin et ne plus véritablement s'en soucier. Si on traitait les maladies mentales comme on se préoccupe de n'importe quel petit cancer, les hôpitaux psychiatriques seraient bien plus vides.

Say you're right about all this -and mate it sounds fucking crazy- what are you planning to do about the... Thoughts vampire?.. - Unclear yet. Gotta find them first. And then.. Well, depends on how it goes I suppose. Honestly, I don't know myself enough yet to answer with precision. I feel like I'd rather secure them and put them somewhere they won't hurt anybody anymore, but maybe I won't get that opportunity. Maybe they're doing it on purpose, or maybe they don't have a choice either. Maybe they're just some kind of animal, living on instincts, to feed, to survive, like any other. And what right would I have to.. Neutralise a creature like that ? Would I kill the snake because it ate the mouse ? One thing for sure, they need to be extracted from here and from hurting anybody else. One way or another, but that'll depends on many other factors. - Trop de pensées, trop de réflexions, trop de considérations. L'image d'une épaisse fumée s'échappant de mes oreilles me traverse l'esprit, et je réalise la brume rouge qui s'élève de l'une de mes oreilles dans un filet discret avant de disparaitre à mi-chemin du plafond. Les Seigneurs du Temps ont développé des pièces spéciales pour aider le processus de régénération. Pourquoi n'en ai-je jamais utilisé une ? Allez savoir. - First things first, we need to find them. Where is the smoking yard ? We can start there.

I do like going down mysterious holes. - Un sourcil se hausse. - That came out wrong. - Le soupire ne m'échappe pas, mais il est parfaitement légitime de toute façon. - Well, fuck me I guess. It's not like I'm getting better anyway. Might as well humour you. To the smoking yard it is. - Les mains rapidement dans les poches, me faisant la réflexion que j'aurais pu me trouver de quoi passer pour un patient, ou un infirmier, je cale mes pas dans ceux de mon guide. Comme tout hôpital, celui-ci est un véritable labyrinthe de couloirs, d'escaliers et de dizaines de portes dont on se demande bien où elles mènent. Chambres, bureaux, stockages, salles d'examens ou de traitement. Il y a toujours des portes closes, des culs de sacs et des impasses. Et comme dans tout hôpital qui se respecte, au moins l'une des portes donne littéralement sur un mur. Pourquoi ? Bonne question. Même sur Azurilla III, planète bleue noyée dans le ciel d'une lune géante, surnommée la planète invisible, l'hôpital que j'ai eu visité en possédait une. Un panneau coulissant, derrière lequel était planté un mur. Lorsque j'ai demandé au directeur, il a dit ne pas se souvenir de quoi que ce soit. Que c'était probablement une erreur passée inaperçue. J'ose espérer que les ouvriers ont bien vu qu'ils posaient une porte face à un mur, mais après tout, ils sont rarement payés pour questionner les architectes. Encore moins si les ouvriers sont des robots.

I'm not supposed to be here on my own. So if you could do... Whatever it is you're hoping to do quickly, that would be great. I'd very much like not to get in trouble. - You'll be fine. I'll get you out of it if it comes to that. - Lui assuré-je en faisant un pas à l'extérieur. Techniquement, l'extérieur. Quatre mur nous entoure comme les parois d'une tombe. Une odeur de tabac froid hante l'exiguë espace comme si elle avait imprégné la peinture grisâtre. Quelques mégots trainent par terre, des traces sombres tirent des lignes dans les angles, cigarettes écrasées là avant d'être abandonnées. Adam ramasse deux mégots et les jette dans la petite poubelle prévue à cet effet. - What are we even looking for, some sort of sulfur odour?.. - For a deamon, sure. Right now I was hoping to find them here, or someone else. Not an empty smelly cage. - Ma mâchoire se crispe face à la frustration. - I usually have a.. Tool. I would have located that creature in no time, following it's biological signature. And I can't follow it's psychic marker since, as we established, not my area of expertise. So what do we do ? - Il suffit de quelques pas pour faire le tour du fumoir. - What do we have ? - Et quelques autres pour me rapprocher de la poubelle. - I have you, but you're not a tool. That'd be rude, and uncalled for, and totally wrong anyway. I have me, but again, not the best right now. I have that filter with a blue teint that smells like detergent. I have this smelly air to slowly kill me again.

Un mégot, auréolé d'une tâche bleutée comme si la salive du fumeur était elle-même colorée. Entre mes doigts. Depuis quand est-il là ? À quel moment l'ai-je ramassé ? - Where does that come from? - Mes sourcils se froncent, le regard analyse au micron près le maillage du papier tâché. - More importantly, I don't look like a Preston, do I? Annoying when a name doesn't fit. - Le megot tourne et retourne entre mes doigts comme s'il était tenu par des fils invisibles. - I will say. If the person that smoked this is human, they really need to be checked out, because your saliva is not suppose to do this.

You look like a bit like a Theo to me, if you really need an opinion on the matter. - Meh. I mean, sure, I'll use it. - But really, you just have that type of face where no name really fits. - That's annoying. A person should have a name. Even pets have names. And I love snacks and cuddles, but I'm no pet. I think. - Un œil jeté à mes mains, mes avant-bras à la pilosité raisonnablement. - Yeah. Not a pet. Besides, I don't like forgetting things. Forgetting is the best way to get into trouble you didn't even know were there. Or were suppose to be there. Or weren't, but now they are, and you don't know why. - Pour quelqu'un qui a laisse l'utilisation de son nom s'essouffler, ne pas même me souvenir de mon titre est véritablement ennuyeux. C'est comme changer son mot de passe oublié, et oublier ça aussi. Ridicule.

So you're looking for some sort of... Methylthioninium chloride in the saliva. Or something like that. - Clever boy. - M'entends-je dire avant d'enchainer. - Although, if the blue teint appears way after contact, it might go unnoticed. It doesn't mean we're looking for someone with blue saliva, even though it would help. But a patient, here for.. a few weeks now, that can narrow it down a little. - Le filtre continue de tourner entre mes doigts, mes yeux l'observe avec précision. - Actually, we can use your observation skills. If I can trust the usual profile, it would be a someone relativelly calm and quite. Someone that would avoid meals, or sit there but doesn't touch their food. I'm not talking about someone with anorexia or some other food related trouble. That person would "look" like they eat just fine... But doesn't. And there is something else... It has to do with the blue. But what... - Un pas de côté, je reviens vers la porte, observe le couloir grisâtre, mais particulièrement lumineux.  Peut-être même trop. S'agit-il de l'éclairage, du soleil, ou de mes yeux ? - Come on now, I can see the light coming back in your eyes. Discret, smoker, doesn't eat, with a limp. This is a game of Cluedo and you're my trusty witness. - Les doigts claquent. - Fucked up teeth ! There is a singular kind of thought eater that use their tongues as a straw, basically. But to do so, their teeth develop in a specific way, something that should be really unusual to you. And the enzymes they produce do turn blue after a while. Fun fact, their mouth actually go fully blue post-mortem. Well. Fun. Kinda. Ring any bells?

Why am I helping you? You're saying so many things that shouldn't make sense. No wait, that don't make sense. - Le nom est juste là, sur le bout de sa langue, mais il le retient. Il y a une différence entre ne pas sa souvenir, et ne pas vouloir dire. Il tient à une gestuelle subtile, comme si le corps lui-même se fermait. Comme si la fuite mentale ne suffisait pas, le corps cherche à s'éloigner lui aussi. Mais comment lui en vouloir. Il a raison. Pourquoi m'aiderait-il ? - I know I'm not always able to tell real things appart from... Well, what's just in my head. But I've been doing better. And you're just standing there, nameless, not staff, not a patient and spurring as much nonsense as my whole service in a day. - L'expression de doute passe sur mon visage comme un courant d'air entre deux montagnes. Je doute d'atteindre le niveau des personnes hospitalisées ici, ou ailleurs. Mais après tout, l'inconnue peut passer pour de la folie, comme la technologie pour de la magie. Qui sait peut-être même que la folie est une forme de magie, et dans ce cas, quels sortilèges concoctent-ils tous ? De quel rituel protège-t-on l'univers ? Une curiosité maladive en moi se laisse happer par les possibilités... - Who the hell are you? - La curiosité est une échappatoire.

Who I am won't help you. And I am Staff, just not here. What I am is someone wanting to help. I have the knowledge, the means, and the experience to do so. I know something is wrong here, and I am doing what I can to make it right. I could tell you anything and everything, show you so much, but would it help ? Would you trust me just on my word ? I didn't give you anything tangible to attach that trust to. What's tangible is what we're looking for. And I know you feel it too. Deep down, I know you already know something is off. Not about me, but about Mister Croft, and all the others before him. Nobody tried to explain what happened to them. Why not start now ? - Un soupir m'échappe. Je pose une main sur la poignée de la porte, l'entrouvre. - I won't force you to follow me, but I will ask for that name again. Trust or no trust, saying that name won't hurt you. If I am an hallucination, saying that name won't change anything as long as you don't follow me, or do what I say. You can stay here while I go on. I can probably find someone else to guide be if you don't feel comfortable, it's ok. - Un discret sourire étire mes lèvres. - The funny thing about hallucinations, though, they just like lies. Questionning them is key to seeing through them. When you know the nature of something, that's when you can safely move on. As long as you challenge them, you'll be fine.